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Analyses Macro

Analyse Macro-économique

A) Préambule

 

Globalement nous pouvons établir quatre constats très généraux:

Premier constat:

Suite à la crise financière de 2007-2008, la zone Euro est entrée en récession économique au 3em trimestre 2008. Le  FMI prévoit une croissance  très faible, pour 2011.

Comme vous l’avez certainement constaté, la zone Euro traverse une crise financière due aux difficultés de la Grèce en début 2010, puis de l’Irlande en automne 2010. Cependant, l’aide de 750 Milliards de dollars à redonner confiance aux investisseurs, qui s’est traduit à court terme par une augmentation du cours boursier sur la zone Euro (avec notamment une hausse de 9,66% sur le Cac 40). Mais la peur d’une contagion de ces crises sur le reste des pays de la zone Euro plane sur le marché.

Deuxième constat:

Selon un rapport de l’ONU publié mercredi 1er décembre 2010, on remarque que depuis le milieu de l’année, la reprise de l’économie mondiale perd de sa dynamique, et la croissance attendue en 2011 et 2012 sera insuffisante pour permettre de résorber le chômage suscité par la crise. L’ONU s’attend à une croissance mondiale limitée à 3,1 % en 2011 et 3,5 % en 2012, mais les perspectives « demeurent incertaines et entourées de risques sérieux de baisse », ajoute le rapport Situation économique mondiale et perspectives pour 2011.

Troisième constat :

Une récession en « double creux » (en deux temps) menace l’Europe, au Japon et aux Etats-Unis, indique le rapport de l’ONU. Cela est dû à des réponses monétaires non coordonnées qui augmentent l’incertitude du marché.

Quatrième constat :

La croissance des pays mondiaux est inégale et son augmentation ralentira en 2011, pour reprendre en 2012. En effet, en ce qui concerne les Etats-Unis, l’ONU table pour une croissance du PIB de 2,6 % en 2010. Celle-ci va ralentir à 2,2 % en 2011 avant de reprendre à 2,8 % en 2012. Au Japon, la déflation et la dette publique élevée pèsent sur la croissance, laquelle est attendue à 1,1 % en 2011 et 1,4 % en 2012. Pour l’Europe, si l’on table sur la poursuite de la reprise en Allemagne, la croissance stagnerait virtuellement, à 1,3 % en 2011 et 1,9 % en 2012 après 1,6 % en 2010.

Seul les pays émergents auront une croissance élevée de 6% en 2011 mais cela constitue malgré toute une baisse de 1% par rapport à 2010.

Afin d’appuyer nos dires, voici un tableau de variations annuelles en PIB en %, afin de vous donner une vision globale de la croissance:

Variations annuelles du PIB en % 2008 2009 2010 2011 (prev.)
Monde 3 (-0.8) 3.9 4,3
Etats-Unis 0.4 (-2.5) 2.7 2.4
Zone euro 0.6 (-3.9) 1 1.6
Pays émergents 6.1 2.1 6 6.
Sources : FMI et La Tribune du 27/01/2010

Une fois ces constatations générales établies, nous ferons ici une analyse économique par espace géographique puis par secteur, nous envisagerons enfin deux scénarii, un pessimiste puis un plus optimiste. Cela afin que vous puissiez bénéficier d’une allocation tactique de votre portefeuille, en fonction de vos objectifs.

Il ne s’agit pas ici d’étaler de manière exhaustive des données quantitatives sans les justifier, mais de vous donner une vision globale du marché mondial afin de discerner les aspects positifs et négatifs de l’économie mondiale. Nous tacherons de vous donner une analyse avec des données actualisées, agrémenter de la vision d’analystes réputés.

B) Analyse par secteurs géographiques:

a) L’Asie :

L’Asie reste une zone géographique majeure dans l’évolution économique mondiale. Elle est une plateforme importante pour l’absorption des délocalisations industrielles. La main d’œuvre est nombreuse et son coût peu important. Cet aspect permet à cette région de connaître de fort niveau de croissance économique. Cependant cette zone reste marquée par des déséquilibres politiques. Effectivement, les relations entre la Corée du Nord et du Sud restent tendues. Les journaux d’information nord coréens continuent de répéter que l’armée tient bon face aux menaces du Sud. Nous ne nous attarderons pas sur les relations de la Chine avec le peuple tibétain, qui elles aussi sont l’objet de tensions.

Cependant les relations entre le nord et le sud s’intensifient. L’augmentation des investissements directs à l’étranger et de la consommation font de ces pays des destinations devenues incontournables pour les européens.

Chine :

Ce pays connaît un développement considérable depuis les années 1970. Aujourd’hui ce presque ex-pays communiste est en passe de voir s’établir une vraie classe moyenne. La pression démographique est toujours forte, ce qui permet à ce pays de disposer de beaucoup de main d’œuvre à bas coût. Cependant Honda et Toyota subissent des problèmes d’approvisionnement à cause de grèves du personnel chez Denso (fabricant d’injecteurs), ce qui montre la voix d’un autre développement, qui est social.

Au niveau économique, la Banque Populaire de Chine a récemment annoncée que le taux de change du Yuan sera progressivement assoupli. La monnaie chinoise ne sera plus corrélée au dollar, mais à un panier de devises, dont le détail n’a pas été communiqué. Le Yuan est à son plus haut niveau depuis 5 ans, et cela laisse espérer une augmentation des importations chinoises de pétrole. Selon Wang Tao (économiste chez UBS).

Cependant, ce « geste » de la Chine n’indique pas que l’excédent commercial va chuter substantiellement. Le but de la manœuvre serait plutôt de ne pas envenimer les relations avec les Etats-Unis. Nous pouvons tout de même remarquer que cette appréciation de la monnaie pourra bénéficier à la consommation en biens d’équipement des ménages.

Les perspectives de croissance économique chinoises restent élevées, même si celles-ci devraient ralentir au second semestre (11,9% au premier semestre) selon la Banque Mondiale. Pékin devra durcir sa politique monétaire pour limiter la surchauffe économique.

Inde :

Si nous pouvions parler de compétition internationale (puisque la réalité du commerce international tient plutôt de la « coopétition »), l’Inde serait peut-être le premier concurrent de la Chine. D’ailleurs, elle connaît aussi aujourd’hui l’avènement d’une classe moyenne de masse, mais cette fois sous un régime démocratique. L’Inde est la plus grande démocratie du monde. L’Inde est aussi la première industrie cinématographique. Les budgets ne sont pas très importants, mais « Bollywood » (nom donné à ce genre indien du cinéma) inonde, avec ses films, tout le sud-est asiatique jusqu’au Maghreb, en passant par le Moyen-Orient. Comme la Chine, l’Inde est un pays avec une culture forte, qui s’exporte (notamment au niveau culinaire).

Sur un aspect monétaire, la roupie, contrairement au yuan, n’est pas soumise à un taux de change fixe. Ce choix de la banque centrale indienne a pour conséquence de fragiliser les entreprises exportatrices, qui doivent gérer en plus des problèmes d’infrastructures locales, des problèmes d’évolution des taux de change, avec les risques de pertes et les problèmes de trésorerie que cela comprend. Par exemple, la récente chute de l’euro (alors que la roupie est restée haut), étouffe les exportations. De plus, les exportations indiennes sont sensibles au niveau de croissance européen (nous connaissons les crises grecque, italienne et espagnole), puisque environ 20% de celles-ci vont vers le « Vieux Continent ».

L’Inde est un des seuls pays en voie de développement à combiner une main d’œuvre peu onéreuse et un niveau de formation relativement élevé, grâce auquel elle tient le leadership des services informatiques.

L’Inde a connu un ralentissement de la croissance de son PIB à 6,7% sur l’année budgétaire 2008-2009, mais elle est sur une pente ascendante depuis. En effet la croissance pour l’année 2009-2010 devrait être de l’ordre de 7,4%, et de l’ordre de 8,5% à 9% en 2010-2011. La Confédération de l’Industrie Indienne (CII) pense que ce rythme de croissance pourrait être plus élevé que prévu. Cependant, selon Pronab Sen (statisticien) « Si la consommation privée ne retrouve pas un taux de croissance de 6%, ce sera difficile d’atteindre 8,5% de croissance l’année prochaine » (Les Echos, 01/06/2010). De plus une nouvelle récession dans les pays développés aurait de mauvaises répercussions sur la réalisation de cet objectif. Enfin la croissance nominale Indienne est soumise à une forte inflation (9,59% annualisé en avril 2010) qui ne laisse pas grand chose en termes de croissance réelle.

« En février, le Fond monétaire international (FMI) avait estimé que la Chine et l’Inde apporteraient une « contribution significative » à la reprise mondiale. Selon le FMI, l’Inde a été l’une des premières économies à sortir de la crise. » (Les Echos, 01/06/2010).

Japon :

Le Japon, en 2009 a gardé sa deuxième place de justesse devant la montée en puissance de la Chine. La crise n’a cependant pas épargné l’archipel.

En effet, l’économie japonaise est tombée, en 2009, dans sa plus profonde récession depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les experts avaient prédis une baisse de 6% du PIB pour l’année 2009, et ce dernier a baissé de 5,20%, selon le FMI. Il a été de l’ordre de 5 068 059 millions de dollar.

De plus, selon un rapport de l’OCDE, la production devrait ralentir fortement à cause de l’effondrement des exportations et du durcissement des conditions financières. Il faut savoir, que l’exportation des biens japonais constitue une des recettes principales de son économie. En effet, la réputation des Keiretsu n’est plus à faire (tel que Mitsubishi ou Toyota…), l’industrie représente plus de 39% du PIB (à titre de comparaison USA : 29%) et comprend 33% de la population active (contre 25% pour la France). Cela pourrait nous inciter à vouloir investir dans les valeurs industrielles d’origine nippone. Néanmoins, il faut prendre en compte le taux change entre l’euro et le yen qui est actuellement aux alentours de 110 yens pour 1 €.

Dès lors, l’accent est mis sur la demande intérieure, qui a été délaissée, c’est pourquoi les politiques à venir vont s’y atteler. Cette demande viendra, peu à peu, à partir de 2011 soutenir la reprise, notamment grâce aux retours des investissements en biens d’équipement et à une légère progression de dépenses de consommation des ménages. Tout ceci, se fera dans un contexte d’amélioration progressive de la situation de l’emploi.

Pour l’année en cours, ce sont les exportations qui resteront les moteurs de la croissance. La croissance du PIB est estimée à 3% à fin 2010, puis à 1,5% pour 2011.

Cela va passer, par une favorisation de l’offre du crédit, qui fait parti d’une des mesures qui avait été prises afin de stabiliser les marchés de capitaux et d’améliorer leur efficience.

Ces mesures sont rassemblées dans le plan de relance qui est mis en place et, qui est estimé à 184 milliards d’euros.

Actuellement, nous notons qu’au premier trimestre 2010, la croissance a progressé de 1,2 % par rapport au trimestre précédent (+5 % en rythme annualisé), grâce à la vigueur des exportations nippones vers le reste de l’Asie et à la bonne tenue de la consommation en raison de ces mesures de soutien. Les exportations ont notamment augmenté de 34,4 % vers les États-Unis et de      41,3 % vers la Chine, premier partenaire commercial de l’archipel.

Parallèlement, avec le raffermissement de la demande intérieure, les importations progresseront d’environ 8 % en volume en 2010 et de 7 % en 2011. L’excédent commercial s’améliorera, entraînant un retour de l’excédent courant à plus de 3 % du PIB. Le Japon a enregistré un excédent commercial de 740 trillions de yens en avril, contre 49 trillions un an auparavant.

Par ailleurs, la baisse des prix va se modérer avec, d’une part, l’amélioration de l’activité économique, même si l’output gap[1] reste négatif, et, d’autre part, une remontée des prix des matières premières. En moyenne annuelle, les prix à la consommation baisseraient de 0,8 % en 2010 et de 0,4 % en 2011.

Dans ce contexte, la BoJ (Bank of Japon) va poursuivre sa politique monétaire extrêmement accommodante avec un taux directeur de 0,10 % au moins jusqu’à fin 2011.

Panorama de la situation passée, présente et à venir du Japon :

En % 2007 2008 2009 2010(p) 2011(p)
PIB en volume 2,4 -1,2 -5,2 3,0 1,5
Prix à la consommation (IPC) 0,1 1,4 -1,4 -0,8 -0,4
Taux de chômage 3,9 4,0 5,1 4,9 4,
Source : Société Générale – Service des Études Économiques
06/2010 09/2010 12/2010 06/2011 12/2011
Interbancaire à 3 mois 0,39 0,45 0,50 0,55 0,60
Obligation d’Etat à 10 ans 1,23 1,40 1,45 1,60 1,70
USD/JPY 92 95 95 95 95
EUR/JPY 112 112 109 114 124
Source : Société Générale – Service des Études Économiques


b)Les Etats-Unis d’Amerique :

Venons en aux Etats-Unis d’Amérique, première puissance économique mondiale, loin devant ses poursuivants, son PIB est plus de 2 fois supérieur à celui du Japon (USA : 14 256 275 millions de dollars, Japon : 5 068 059 millions de dollars).

Nonobstant, cette puissance a connu un recul de son PIB. En effet, ce dernier a diminué de 2,44%. La difficulté de ce pays résultait du fait que le logement a connu une crise sans précédent. Conjugué à une crise financière et une hausse temporaire des prix des produits de base, cela a provoqué un ralentissement considérable de l’activité en 2008. Or, c’était à ce moment là où la position extérieure du pays restait faible et où l’orientation de la politique budgétaire n’était plus soutenable à long terme, d’où la difficulté d’arbitrer entre des objectifs concurrents. Les décideurs publics ont donc pris des mesures pour soutenir la croissance dans ce contexte.

Toutefois, force est de constater, qu’au premier trimestre 2010, la croissance a été au rendez-vous. En effet, cette dernière est de 3%. Cela s’explique par un rebond de la consommation et par une contribution toujours positive des stocks et des investissements des entreprises.

En revanche, les dépenses de construction de logements pourraient laisser entendre que la reprise n’est pleinement observée. Au cours des quatre premiers mois de l’année, elles ont reculé de 13,2 % sur un an. La faiblesse de l’activité dans le secteur de la construction privée (-25 % sur un an) va probablement continuer tout au long de 2010. A l’inverse, nous relevons des signaux positifs dans le secteur manufacturier : les secteurs des biens durables et des biens non-durables ont connu au premier trimestre une nouvelle hausse de leur production respectivement +10,5 % et +4,8 % (en taux annualisés), pour le troisième trimestre consécutif.

C’est pourquoi, de nos jours, les experts pensent plutôt à une reprise modérée et qui est faiblement créatrice d’emplois. En effet, en contrepartie des contributions positives des stocks (2,4pp) et de l’investissement (1,7pp), nous remarquons que les dépenses publiques (-0,5 pp) et les exportations nettes (-0,7 pp) ont eu des contributions négatives. Dès lors, la demande finale n’a augmenté que faiblement (+1,4% contre 1,7 au T4 de 2009).

Par la suite, les enquêtes montrent que les PME font toujours face à des débouchés en berne et qu’elles continuent de différer leurs investissements de capacités, ce qui contribue à la faiblesse du crédit côté demande. Lorsque l’investissement redémarrera, l’offre de crédit pourrait cependant rester contrainte.

Enfin, les dernières communications de la Fed confirment que la politique de taux zéro sera vraisemblablement maintenue pendant une période « prolongée ». La modération de la reprise, l’ampleur des capacités inutilisées et l’absence de pressions inflationnistes confortent ce point de vue. Ceci étant dit, la Fed est clairement en train de mettre progressivement fin aux dispositifs exceptionnels instaurés au plus fort de la crise.

En conséquence, cette institution a opté pour une stratégie « d’exit » en trois étapes successives. La première, quasi-achevée, a consisté en l’extinction des dispositifs exceptionnels de refinancement et de soutien au crédit. La deuxième étape, l’assèchement du surplus de liquidité des banques placé dans les réserves excédentaires, a débuté avec l’amorce d’une normalisation de la facilité marginale de prêts, qui sera suivie par des opérations d’absorption de la liquidité. La troisième étape, c’est-à-dire la hausse du taux des fed funds, n’interviendra pas avant une baisse significative du chômage et le retour à une croissance plus solidement établie.

Panorama de la situation passée, présente et à venir des USA:

En % 2007 2008 2009 2010(p) 2011(p)
PIB en volume 2,1 0,4 – 2,4 3,2 2,6
Prix à la consommation (IPC) 2,9 3,8 -0,3 2,1 2,2
Taux de chômage 4,6 5,8 9,3 9,7 9,4
Source : Société Générale – Service des Études Économiques
06/2010 09/2010 12/2010 06/2011 12/2011
Interbancaire à 3 mois 0,63 0,35 0,50 1,25 2,00
Obligation d’Etat à 10 ans 3,26 3,80 4,00 4,40 4,70
USD/JPY 92 95 95 95 95
EUR/USD 1,22 1,18 1,15 1,20 1,30
Source : Société Générale – Service des Études Économiques


c) L’Europe

Avec les récents problèmes de solvabilité de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne, la zone euro est à un tournant de son histoire. Certains médias parlent même de la fin de la monnaie unique. Cependant, l’ensemble des États de l’Union Européenne participe activement à ce que l’Europe reste une zone forte et influente.

Nous avons pu constater que l’Euro était en chute il y a seulement quelque mois, passant de 1,51 dollar à 1,19 dollar début juin 2010, d’où les rumeurs sur le retour des monnaies nationales. Cette chute est notamment due à l’annonce de la politique d’austérité de l’Allemagne et de l’Espagne, sachant que le point d’origine reste la défaillance de l’État Grec. Mais il ne faut pas y voir forcément le côté négatif. En effet, un euro fort pénalisait les exportations vers les autres continents. Dans un contexte de sortie de crise, où les économies asiatique et américaine sont en train de repartir, un pays exportateur tel que l’Allemagne ou la France va devenir plus compétitif sur le plan mondial. Cela aura donc un impact sur la balance commerciale et par conséquent sur la croissance du PIB.

Toutefois, cette croissance risque d’être freinée par un taux d’inflation en constante hausse. En effet, le taux s’établissait à 1,4% en avril 2010 et a encore augmenté en mai, 1,5%. Il ne faut pas oublier également le taux de chômage qui, dans le Vieux Continent, reste un véritable problème, et ceux depuis un certain nombre d’années. La crise n’est venue qu’amplifier un problème déjà existant. Dans la zone Euro, le taux de chômage oscille autour de 10% depuis le début de l’année, restant relativement constant voire en très légère hausse. Cette information, globale, est très différente d’un pays à l’autre, selon que nous nous focalisons sur l’Allemagne ou sur la Grèce, deux pays ayant des évolutions totalement divergentes. Une croissance molle et un taux de chômage assez fort ne présage rien de bon pour les mois à venir. Par ailleurs, sachant que les politiques d’austérité s’étalent jusqu’en 2013 pour la plupart, les mois à venir risquent d’être difficiles à négocier.

Mais quelques signes laissent à penser que la croissance fait son retour. Comparativement au même moment l’année précédente, la production industrielle a augmenté de 9,5%, en constante augmentation. Le niveau reste encore loin des pics que nous avons connus par le passé, notamment en Avril 2008. Ceci laisse à penser que le potentiel de croissance est grand. Par ailleurs, une information est venue secouer les marchés financiers sur l’avenir de la Grèce. En effet, la Chine pourrait investir plusieurs milliards dans la construction navale et les télécoms. Par ailleurs, le gouvernement grec tente d’attirer les investissements étrangers des pays arabes et du Moyen-Orient afin de relancer son économie, gravement touchée par la crise. Cela tombe à point pour l’État Grec qui vient de voir sa notation régressée au rang de junk bonds (obligations pourries) par l’agence de notation Moody’s.

Avec tous ces constats, le Président de la Banque Centrale Européenne, Jean-Claude Trichet, laisse les taux directeurs inchangés à 1% (à ce niveau depuis mai 2009) et table sur un taux de croissance de la zone euro compris entre 0,7% et 1,3%, plus élevé que les précédentes prévisions de 0,4% et 1,2%. La BCE a, en revanche, abaissé ses prévisions de croissance pour 2011. Cette décision s’explique par les conséquences des différents plans d’austérité qui sur le moyen-terme, tendent à rendre les pays moins compétitifs du fait d’un investissement moins important. A long-terme, cette politique permettra de réduire le déficit du pays par une baisse des coûts et des dépenses publiques. Les comptes seront donc assainis et les pays pourront repartir sur de bonnes bases. En attendant, la croissance sera faible et le taux de chômage fort, ce qui provoque une certaine polémique autour de ces décisions.

En se basant sur les faits passés, la Banque Centrale Européenne, sous la houlette de son président a tendance à privilégier un Euro fort. En constatant que la parité Euro/Dollar a chuté ces derniers mois, nous pouvons d’ores et déjà anticiper que la parité devrait augmenter à moyen-terme. Cela se justifie par la récente remontée de l’Euro par rapport au Dollar.

Il faut faire attention à une trop forte hausse de l’Euro face au Dollar car les politiques d’austérité des pays de la zone Euro risquent de ralentir la croissance économique. Un euro fort pénalise les exportations, et ce paramètre est à prendre en considération. Il faudra suivre l’actualité de l’Union Européenne avec grande attention, et notamment les actions de la BCE.

A l’heure actuelle, les taux directeurs courts et longs sont historiquement bas, à savoir 0,65% pour les taux courts et 1% pour les taux longs. Nous ne pouvons que nous attendre à une remontée des taux à moyen et long terme. Bien qu’un taux bas, théoriquement, incite les entreprises à investir et les ménages à s’endetter, la crise passée a instauré un climat de tensions concernant les prêts. En effet, les banques sont plus réticentes à prêter, les entreprises n’osent plus investir, et les ménages, déjà fortement endettés, ont du mal à rembourser leurs échéances.

Il faudra du temps pour sortir de la crise d’un point de vue psychologique. La confiance entre les différents agents économiques doit se rétablir. Or, la confiance se gagne avec le temps. En ce sens, une sortie de crise ne pourra pas se faire avant 2011, alors que certains analystes tablaient pour un retour à la normale en 2010.

France :

La France, étant entrée en crise plus tard que les autres, devraient en sortir plus tard également. Dépassant tous les critères de Maastricht concernant les finances publiques, à savoir une dette publique supérieur à 60% du PIB, un déficit public supérieur à 3% du PIB, la France continue tout de même à être un pays dit « de confiance » aux yeux des marchés financiers. Selon Christian Noyer, Gouverneur de la Banque de France, le plan de réduction budgétaire présenté par la France devrait permettre de revenir un déficit public représentant 3% du PIB, comme le préconise le traité de Maastricht.

Sur un horizon à long terme (10 ans), l’analyse de l’équation fondamentale s’avère positive. Effectivement, nous pouvons prévoir une augmentation du PIB d’ici 10 ans en France. Celle-ci s’explique par  l’augmentation combinée de la consommation, de l’activité des entreprises françaises (formation brute de capital fixe) ainsi qu’une croissance économique durable. Cependant, selon les recherches économiques de BNP Paribas[2], « une croissance plus molle est attendue l’an prochain » en France. Effectivement, à court terme, il est probable qu’il y ait un ralentissement de l’activité en 2011. Mais ce ralentissement permettra de calmer l’inflation selon M. Didier, président de Coe-Rexecode.

Par ailleurs, la politique actuelle Française a pour objectif de s’inspirer du modèle Allemand et de développer ses exportations afin d’avoir une balance commerciale positive.

PIB = C+ FBCF + G + (X- M)

De plus selon les prévisions de l’OCDE, les prévisions de croissance pour la France à long terme seraient autour d’1,2% (la prévision pour 2011 est quant à elle de 2%) et le taux de chômage devrait être stabilisé. Cette croissance économique durable est alors favorable aux perspectives de rendement.

Evolution du CAC 40 ses dernières années.

Ce graphique met en évidence la volatilité du CAC 40. La position actuelle du CAC 40 (proche des 4000 points) est relativement faible comparé aux points culminants des années 2000 et 2007 où la bourse avait tendance à être surévalué. Cette position s’explique du fait de la récente crise financière. Notre pouvons espérer à long terme une certaine augmentation des valeurs du CAC 40.

Cependant, la situation au sein de l’État reste controversée. Avec le problème du financement des retraites, le pays est dans une impasse. Les récentes réformes mises en place par le gouvernement Fillon, sont jugées comme injuste par la majorité des français. Pour rappel, ces mesures sont les suivantes:

  • l’âge légal du départ à la retraite est fixé à 62 ans (auparavant 60 ans) progressivement jusqu’en 2018
  • les salariés exposés à des facteurs de pénibilité pourront continuer à prendre leur retraite à 60 ans
  • le dispositif « Carrières Longues » sera prolongé et élargi
  • le système de retraite du secteur publique va se rapprocher du système du secteur privé

Bien que la réforme soit nécessaire, à cause du vieillissement de la population et de l’augmentation de l’espérance de vie, nous constatons que la population française reste réticente aux changements. D’après le gouvernement, cette réforme des retraites devrait permettre une diminution du déficit de 0,5%. Il faudra attendre de voir si les agences de notation sont de cet avis, et si elles décident de maintenir la note optimale d’AAA à la France.

Dans le même sens, le gouvernement et François Baroin, ministre du Budget, ont déclaré que certaines niches fiscales devraient disparaître, permettant de récolter entre 8,5 et 10 milliards d’euros d’ici l’année prochaine. Cette recette va s’avérer nécessaire pour réduire le déficit à 6% du PIB, contre 8% aujourd’hui, pour 2011.

Le taux de chômage de la France suit le niveau de celui de l’Union Européenne, c’est-à-dire 10%, et ce depuis plusieurs mois. Passé sous ce seuil était déjà un objectif avant la crise. Le point positif est qu’avant, pendant et après, le taux de chômage a très peu varié, mais comparativement à son voisin allemand, il est relativement élevé. Le principal problème concerne le chômage des jeunes et des seniors.

D’après les chiffres de l’INSEE, le taux d’épargne en France, et notamment l’épargne financière, est en augmentation, ce qui sous-entend que la consommation est en baisse. Une baisse de la consommation des ménages implique donc un ralentissement de la croissance. Cependant, les prix des produits de première nécessité sont en baisse, ce qui compense la baisse de la consommation. Il faut tout de même faire attention à prendre l’ensemble des données. En effet, les prix des produits à forte valeur technologique sont en hausse et font augmenter le prix à la consommation globale.

Avec un taux de croissance de 0,1% au premier trimestre, l’État français anticipe pour le second trimestre un taux de 0,5%, qui devrait permettre une augmentation des recettes budgétaires, entraînant par la suite une réduction du déficit, qui ne fait que se résorber depuis un an.

Les anticipations haussières concernent également l’investissement en France. Avec  deux années de baisse de l’investissement, l’INSEE, par le biais d’une enquête semestrielle, a annoncé que les chefs d’entreprise prévoient une progression de 6% de leurs investissements cette année, soit un point de mieux que dans la précédente enquête en janvier. Cependant, une reprise solide ne se fera pas sentir avant fin 2010, due particulièrement à la reprise vigoureuse dans les pays émergents.

De plus, le secteur automobile, boosté par la prime à la casse a augmenté de près de 15% sur 1 an. Mais cette information est à analyser avec méfiance. En effet, la prime à la casse venant à son terme et n’étant pas reconduite, la croissance du secteur commence à s’essouffler.

Par ailleurs le secteur aéronautique, avec un léger coup de pouce du  gouvernement, est en pleine expansion, du fait des nombreux contrats conclus ces derniers mois (notamment les Airbus A380 et les Rafales).

Allemagne :

Malgré des indicateurs allemands pour la plupart au vert, la chancelière allemande, Angela Merkel, a décidé de mettre en place une politique d’austérité, ce qui lui a valu de vives critiques de la part de l’opposition, mais également de son propre gouvernement.

L’Allemagne, premier exportateur mondial, a été élu « champion de l’inquiétude » par l’institut GfK. D’après leurs analyses, les allemands se soucient en premier lieu de leur emploi, puis ensuite de la stabilité du pays, de l’inflation, du système de santé et enfin de leur retraite. Or, l’Allemagne est le pays qui a le mieux surmonté la crise en enregistrant une diminution de l’embauche, une augmentation de la croissance et des exportations (facilité par un euro faible), malgré le fait que la récession ait été l’une des pires depuis l’après-guerre. Ce devrait être le pays qui jouera le rôle de « facteur stabilisateur » selon les économistes. En effet, selon le sondage de printemps réalisé auprès de 22.000 entreprises du DIHK, équivalent de notre Chambre de commerce et d’Industrie au niveau allemand, les affaires vont bien pour 54% des entreprises et de nouvelles embauches sont prévues.

Dès lors, les prévisions de croissance du PIB ont été rehaussées et le DHIK table sur un taux compris entre 1,4% et 2,3%, niveau supérieur à ces voisins européens du fait d’exportations plus importantes.

Les ménages allemands ont bénéficié d’un important soutien de l’État depuis le déclenchement de la crise avec le programme de primes à la casse (4,7 Mds € déboursés), des aides versées aux familles et des baisses de prélèvements obligatoires (impôts sur les transmissions d’entreprises familiales, impôt sur le revenu, cotisations vieillesse). Ainsi, l’augmentation du seuil d’imposition des revenus (de 170 € en janvier 2010, après une hausse identique en janvier 2009) et la baisse du taux d’imposition de la première tranche de l’impôt sur le revenu (de 15 % à 14 %) depuis le 1er janvier 2009 devraient diminuer les impôts payés par les ménages en 2010 de 5,8 Mds €.

Par ailleurs, le taux de chômage allemand est l’un des plus bas d’Europe. Le taux est descendu à son niveau le plus bas en mai depuis 1992, à 7,1%. Il est en constante baisse depuis la crise, poussant le niveau d’emploi au plus haut. La dynamique est par conséquent complémentaire d’une augmentation de l’activité, tirée par les exportations.

Cependant, la politique d’austérité risque de ralentir cette forme. Le déficit public, bien trop élevé (6% du PIB) représente 80 milliards d’euros. Le gouvernement allemand s’est donné un calendrier très précis pour réaliser ses objectifs. L’Allemagne va économiser 19,1 milliards d’euros en 2012, 24,7 milliards en 2013 et 26,6 milliards en 2014. Les principaux budgets qui devraient subir cette politique sont l’administration, l’armée et les dépenses sociales.

Si le revenu disponible devait augmenter en termes nominaux de 0,7% en 2010 et 1,4% en 2011, son pouvoir d’achat se contracterait de 0,9 % en 2010 et ne progresserait que de 0,2 % en 2011. Cela est dû notamment à la hausse de l’inflation (1,3% en 2010 et 1,5% en 2011). Dans ce contexte, la consommation privée (en volume) ne serait qu’un soutien de second plan pour la croissance, où le premier plan restera le commerce extérieur.

Royaume-Uni :

Alors qu’arrive au pouvoir le conservateur David Cameron, la situation économique de l’Angleterre est plus que morose. Le pays poursuit sa stratégie d’isolement par rapport à l’euro, et les statistiques rapprochent le pays des PIGS (Portugal, Italy, Greece, Spain), ces pays extrêmement endettés.

Comme l’ont fait la Grèce, l’Espagne, le Portugal, et L’Allemagne, l’Angleterre va adopter une politique d’austérité due en partie à son déficit record. Sous l’égide du parti travailliste et de Gordon Brown, le déficit n’a cessé de se creuser. Le nouveau gouvernement, coalition entre le parti conservateur mené par David Cameron et les Libéraux Démocrates, une première en Grande Bretagne, auront donc une tâche difficile à accomplir. En effet, le déficit public s’élève à 11% du PIB, bien plus que l’Allemagne ou la France en valeur absolue. Le gouvernement a déjà averti que faute de mesures drastiques, le pays se verrait retirer sa précieuse note « triple A » par les agences de notation, un scénario catastrophique qui conduirait à gonfler les intérêts de sa dette.

Pour les cinq années à venir, les anglais vont devoir se confronter à une baisse du budget de la fonction publique, des dépenses sociales, et côté recettes, le taux de TVA va passer de 17,5% à 20%, ce qui devrait permettre au pays de récolter douze milliards de livres par an. Par ailleurs, le taux de taxe sur les plus-values de capitaux sera également rehaussé. Enfin, l’impôt sur le revenu devrait être réajusté afin que les faibles revenus soient exemptés, et l’impôt sur les sociétés sera également réduit.

L’annonce de ce plan d’austérité est donc venue rassurer les marchés financiers, et notamment les agences de notation. Le budget britannique « soutient la note AAA du pays et sa perspective stable, parce qu’il représente une étape-clé pour mettre fin à la dégradation des finances de l’État intervenue ces deux dernières années » a déclaré l’agence de notation Moody’s. Cependant, cette cure d’austérité aura « un fort impact négatif sur la demande intérieure », mais cet impact devrait être compensé par un bond des exportations nettes et un repli de l’épargne. En effet, la faiblesse de la livre sterling reste un atout, le volume des exportations corrigé des variations saisonnières est en progression au fil des mois tandis que les importations sont en baisse. Cependant, la baisse de la livre sterling face au dollar, devrait permettre de soutenir les exportations vers les États-Unis. Mais en parallèle, la monnaie anglaise s’est appréciée face à l’euro, entraînant une perte de compétitivité du Royaume-Uni face au reste de l’Europe.

Bien que les perspectives sur le marché du travail s’améliorent, le taux de chômage s’accroît plus lentement (le taux de chômage passe à 8 % après 7,8 % le trimestre précédent). On constate un allongement de la période d’inactivité : en effet, le nombre de chômeurs de moyenne durée (entre 6 et 12 mois) a plus que doublé au cours des deux dernières années. Il est également à souligner que les ajustements en cours dans le secteur public peuvent encore alimenter une hausse du chômage dans les trimestres à venir.

Concernant la Banque d’Angleterre, elle a annoncé continuer à maintenir son taux directeur à 0,5%, à ce niveau depuis mars 2009. Par ailleurs, elle a aussi prolongé la suspension de son programme de rachats d’actifs. Dans un contexte où la confiance des ménages n’est toujours pas revenue à la normale, il convient d’inciter les ménages à épargner. Le marché du crédit est fortement limité encore au Royaume-Uni ce qui est une mauvaise chose pour le marché immobilier.

Il est important de noter qu’en 2012, les Jeux Olympiques seront organisés à Londres. Tout comme nous pouvons l’observer avec l’Afrique du Sud, l’organisation d’une telle manifestation sportive est souvent un levier de croissance.


[1] Différence entre le PIB potentiel et le PIB actuel.

[2] Etude datée de septembre/octobre 2010 : http://economic-research.bnpparibas.com/applis/www/recheco.nsf/navigation/FrameMainInter?OpenDocument&Lang=FR&Mode=12

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